Les conséquences du chômage

Michel DEBOUT a sorti le 15 janvier son livre « Le traumatisme du chômage » (éditions de l’atelier) . Cela a fait l’objet de plusieurs émissions sur les radios et je citerai « Priorité santé » (RFI) – lien ci-dessous – ou encore « carnet de Santé » (France Inter) ce samedi 24 janvier.

Lorsqu’on accompagne des cadres en activité ou en recherche d’emploi, on connait bien les phénomènes décrits par Michel DEBOUT. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai souhaité faire une étude sur les impacts de chocs professionnels, tel le chômage, sur la vie personnelle et la sexualité.

Ce chômage peut en effet être considéré comme un moment traumatique, à commencer par l’annonce de la rupture. Nous retrouvons alors dans ce tableau post traumatique une forte culpabilité, un sentiment d’anéantissement, l’impression de chaos, la perte de confiance en soi, la perte identitaire.

Toute la sphère relationnelle étant touchée, il ne sera alors pas étonnant de voir les patients souffrir de troubles sexuels et plus globalement de problèmes de couples.

Si le lien social se délite, si l’environnement n’est pas protecteur, les risques sont nombreux : dépression, addictions, maladies psychosomatiques, voire suicide.

Mais le chômage, une fois le choc passé, peut aussi être l’occasion de reconstruire sa vie personnelle : plus de temps pour soi, possibilité de s’épanouir à travers des activités sportives ou artistiques, disponibilité pour sa famille et son couple.

Il est temps en tout cas qu’on en parle. Comme le regrette Michel DEBOUT, et comme j’ai pu le constater également, il semble que cette question n’intéresse pas grand monde …

http://www.rfi.fr/emission/20150115-le-traumatisme-chomage/

Répercussions de la vie professionnelle sur la vie privée

Aujourd’hui encore, j’écoutais un homme me parler de sa difficulté à limiter l’envahissement de son travail sur la vie privée. Cela me donne l’occasion de reparler de ce thème.

Il existe peu d’enquêtes s’intéressant aux répercussions de la vie professionnelle sur la vie privée.

En 2011, une première estimation des conséquences des perturbations professionnelles sur la vie privée a été faite avec l’enquête des Editions juridiques Tissot. 78% des Français estimaient que leur vie professionnelle créait des dommages, 23% précisant qu’il s’agissait de dommages sur la vie sexuelle.

Le 21 avril 2011, Technologia, cabinet connu pour ses interventions en matière de risques professionnels, a lancé une enquête pour analyser plus précisément ces impacts, et ce dans toutes ses dimensions « sociales, familiales, amoureuses, voire sexuelles ». Ils ont obtenu 1533 réponses avec une forte représentation des cadres et professions intellectuelles. Une série d’entretiens a également été réalisée pour compléter le questionnaire.

Les résultats de cette enquête expliquent en particulier que les notions de temps et de fatigue sont étroitement liées. Les chiffres démontrent entre autres un lien direct entre la surcharge de travail et la baisse des rapports sexuels.

A la question « si votre emploi était moins stressant, feriez-vous l’amour plus souvent ? » les réponses sont clairement positives : 63% répondent par l’affirmative. 70% pensent également que le stress au travail joue un rôle négatif sur leur vie sexuelle et amoureuse. Et ces réponses sont majorées en cas de travail de nuit (sachant que les soirées et les nuits sont traditionnellement les temps de l’amour), N’oublions pas non plus que fatigue, mauvaise humeur, irritabilité, nuisent assez vite à la qualité des relations au sein du couple.

Ce sont des chiffres mais ils révèlent une certaine réalité. Il est vrai toutefois que chacun réagira ensuite différemment à une surcharge de travail en fonction de son histoire, ses valeurs, en fonction du conjoint, des aides extérieures, de la période de vie, etc.

A suivre …

Retour au travail ?

Demain, lundi 5 janvier 2015 sera pour nombre de personnes, le retour au travail après quelques jours ou semaines de repos.

Ce fut le temps pour certains de faire une vraie pause, de retrouver la famille  de « déconnecter » du travail comme l’on dit… Avec un peu de chance l’ordinateur est resté en dehors de la vie personnelle, les mails professionnels n’ont pas été ouverts.

Mais demain tout reprend : rythme intensif pour certains, avec un envahissement évident ou insidieux, de la vie professionnelle sur la vie privée.

Pour d’autres au contraire, c’est une non-reprise car la perte de travail est récente ou de longue date.

Cette vie professionnelle, les éventuelles difficultés vécues, les ruptures, ne sont pas sans effet sur la vie privée et la vie sexuelle. Cela paraît évident finalement mais on en parle peu.

Comme évoqué au début de ce blog, l’année 2015 sera l’occasion d’approfondir davantage ces questions, sans oublier quelques articles d’information, des pages visuelles, des temps de lecture, etc.

Bonne reprise en tout cas, et à bientôt !

Erection

La consultation en sexologie contient également une part d’information. Il semble donc logique d’intégrer ici quelques notions de base :

Penchons-nous tout d’abord sur l’organe sexuel masculin appelé verge (au repos) et pénis (en érection), pour étudier ce phénomène neurovasculaire appelé « érection ». Il ne s’agit pas de rédiger ici un petit manuel de médecine mais de donner quelques explications simples.

On considère tout d’abord qu’il existe 3 types d’érections :

  • Réflexe
  • Pyschogène liée aux désirs, fantasmes, stimulations sensorielles visuelles, olfactives… : ce type d’érection n’est pas toujours rigide et durable
  • Nocturne, pendant le sommeil dit paradoxal, dont le « mécanisme » est moins bien connu que les deux autres

Dans les 3 cas, des zones différentes du système nerveux sont sollicitées, d’où les risques de dysfonctionnement en cas d’accident grave, entre autres.

Deux éléments sont indispensables pour permettre une érection : une stimulation (visuelle, manuelle …) et un taux suffisant de testostérone. Alors se déclenchent une succession d’évènements invisibles pour un résultat bien visible : libération de monoxyde d’azote (un neuromédiateur), activation de la Guanylate Cyclase qui provoque l’inhibition de la PDE5 (c’est justement sur ce point qu’interviennent les médicaments type Viagra, Cialis, etc.).

Grace à cette inhibition, un deuxième neuromédiateur peut alors se développer (la GMPc) et son augmentation provoque le relâchement de muscles entourant et bloquant les petites artères du pénis. Ce relâchement permet l’afflux du sang dans les artères puis les espaces appelés « sinusoïdes » et, vous l’avez compris, il enclenche ainsi la rigidité du pénis.

fig1coupepenis

Le pénis est donc sous perpétuel contrôle, pour ne pas s’ériger. C’est en inhibant la Phosphodiestérase (PDE5) que l’on peut déclencher ce relâchement musculaire et permettre cette rigidité pénienne par l’afflux du sang.

Mais ce n’est pas tout. Pour maintenir cette rigidité, un blocage veineux doit à nouveau avoir lieu, empêchant le reflux et créant une hypertension de l’organe. L’albuginée, membrane qui entoure les parties constitutives de la verge, va se tendre et plusieurs muscles se contractent. La verge est ainsi tendue, jusqu’à son maximum au moment de l’éjaculation.

Ces explications sont peu romantiques mais elles ont le mérite de donner quelques informations bien souvent inconnues en dehors du monde médical et sexologique et permettent de lever peut-être quelques fausses idées !

Journée mondiale de l’orgasme !

Il parait que demain, lundi 22 décembre, c’est la journée mondiale de l’orgasme.

Après tout, pourquoi pas !? Mais ceux qui n’en ont jamais, que font-ils, et ceux qui n’en n’ont plus depuis bien longtemps … ? N’est-ce pas encore une façon de présenter l’orgasme comme norme à atteindre ?

Apparemment, cette journée et a été créée le 22 décembre 2006 par deux pacifistes américains, Donna Sheehan et Paul Reffell, à l’origine de la « fondation global orgasm ».

N’ayant pas encore eu l’occasion de m’y plonger (dans la découverte de la-dite fondation), je ne donnerai pas d’avis. En tous cas, après la journée de la gentillesse, la journée de l’orgasme ! Alors profitez-en si vous le pouvez.

L’andropause selon Romain Gary : extrait

Nous aurons l’occasion de reprendre le sujet du vieillissement et de « l’andropause », terme parfois utilisé. Romain Gary est souvent cité sur ce point car son roman « Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable » raconte les difficultés sexuelles de son personnage, Jacques Rainier, 59 ans.

Voici un extrait de son récit, en particulier les propos du médecin qu’il consulte. Le patient vient de découvrir avec stupeur une technique proposée par le médecin … :

Vous voyez ? Silbermann assure qu’il a réussi à prolonger ainsi plusieurs de ses patients de quelques années. Naturellement, il faut être un lutteur-né. Nous sommes très en retard en France à cet égard, et il y a de la douceur de vivre qui se perd, qui nous échappe, un manque à gagner inadmissible. Aux Etats-Unis on organise des séances pratiques de réanimation, on fait des films pornos, on crée des Instituts du cul, on fait feu de tout bois. Les Américains sont des gens plus conscients de leur niveau de vie et de leurs droits, plus accrocheurs, c’est la dernière vraie phallocratie du monde. Tout le poids de l’occident repose sur leurs … sur leurs épaules. Mais chez nous, monsieur ? Chez nous? Ah là là !

Les étincelles lancèrent vers moi leur appels de gaieté.

Pauvre chère doulce France ! A 50, 55 ans, vous arriverez à une situation où vous pouvez vous procurer facilement des filles très jeunes – c’est pour ça d’ailleurs qu’on a abaissé la majorité à 18 ans – et vous bandez mou à la suite des efforts que vous avez faits dans votre branche. Dès lors, ou bien la vie vous passe à côté, ou il faut que la femme vous fellationne pendant une demie-heure, et là, elle doit être une sainte, parce qu’après les premiers instants, l’inspiration poétique tombe, on ne peut pas se maintenir en état de grâce indéfiniment, même si on pense à une nouvelle voiture ou aux vacances à la neige…

A lire si ce n’est déjà fait …

Le désir et ses troubles

Le sujet étant très large, il s’agira ici de donner quelques grandes lignes sur ce désir si complexe, et ses troubles.

Il n’existe pas de définition absolue du désir, cette sensation est subjective, ce peut être une forme de pulsion, d’attirance, toutefois différente d’un instinct, variable et volatile.

Le désir a une belle origine, il vient du verbe latin desiderare, lui-même formé à partir de sidus, sideris, qui renvoie à l’astre, l’étoile, la planète, ou encore la constellation d’étoiles. Et littéralement, de-siderare signifie « cesser de contempler » (l’étoile, l’astre). Cesser de contempler pour consommer ? Cesser … ? L’absence, le manque seraient donc là dès l’origine . C’est justement sur ce point que Lacan a insisté : pas de désir sans manque ou plus précisément, le désir nait de l’écart entre le besoin et la demande.

Ce désir est fragile disait-on : en effet, un évènement, un contexte, une personne, une parole … et le désir s’effondre, temporairement, durablement. Parfois ce désir a toujours été absent et l’on parle alors de « trouble primaire ». La plupart du temps il est « secondaire ». Il peut s’agir d’un trouble généralisé, c’est à dire en toute circonstance, avec tout partenaire, ou au contraire ciblé, circonstancié.

Un trouble du désir n’est pas forcément corrélé à un trouble sexuel mais l’un peut entraîner l’autre. De même, il convient de faire la part des choses entre un trouble du désir (pour faire simple : « je n’ai pas envie ») d’un trouble de l’excitation (« je n’ai plus d’érection »).

Comme les classifications peuvent être bien pratiques, Kaplan a défini un modèle composé de 6 niveaux : Désir hyperactif, désir dans la limite supérieure normale, désir dans la limite inférieure normale, désir légèrement hypoactif, très hypoactif et cela va jusqu’à l’aversion sexuelle.

Tout ceci s’appuie sur l’existence ou non de fantaisies sexuelles, la fréquence des rapports (voire leur absence totale), la situation personnelle, etc.

Voilà qui est dit … Evidemment, cela reste un constat, une évaluation d’un trouble. Reste à trouver les causes de ce trouble : excès ou insuffisance. Mais où est l’excès, où est l’insuffisance, pour qui ? Est-ce purement subjectif ou existe-t-il une norme en la matière ? Voilà à nouveau l’émergence de questions bien délicates en sexualité.

Les premiers échanges permettront de comprendre les éléments en jeu, d’évaluer la détresse (de l’un ou des deux partenaires) et de cerner la demande. L’anamnèse sera une étape importante pour identifier les éventuels éléments déclencheurs.

Ces questions de désir sont complexes car les causes peuvent être multifactorielles, physiques et psychologiques. La prudence est de mise en matière d’interprétation.

Le désir reste une énigme, une étoile …. que l’on peut tenter d’approcher.

« Casier conjugal »

En référence au casier judiciaire sur lequel s’inscrit les peines, ou encore le casier du pêcheur qui se charge, le casier conjugal (selon mon interprétation absolument pas juridique) serait ce cumul de charges et de peines que traîne parfois le couple, sans réussir à s’en acquitter.

De la veille rancoeur à la dernière parole maladroite, en passant par l’insatisfaction sexuelle chronique, ce casier peut finir par empoisonner l’existence du couple et le mener à sa ruine.

La nature du lien, son existence, même ténue, sera à apprécier par le thérapeute. S’il est suffisamment fort, il pourra constituer une base pour reconstruire le couple à la demande des deux partenaires. Il peut s’agir d’un désir encore vivace, de la confiance toujours là, d’une tendresse perceptible, etc.

La sexualité est parfois restée vivante malgré les conflits. S’il ne reste ni désir, ni tendresse, ni baiser, ni geste attentionné, si le lien n’est plus que social, un lien d’apparat, certes, le couple peut continuer à vivre mais pour lui redonner du brillant, de la joie partagée, il faudra beaucoup de volonté de part et d’autre.

Il est toujours intéressant pour ce travail de repartir de la rencontre, de ce qui a fait lien tout au début, de retrouver ces premières émotions et envies, les premiers émois … des souvenirs et des ressentis passés qui pourront peut-être permettre de refaire surface, après quelques plongées dans les eaux profondes du couple et de chacun.

Art plutôt que science

C’est en lisant un article sur le management que m’est venue l’idée de rédiger ce texte.

Du management au sexe … quel cheminement a donc fait ma pensée ?

Je lisais que le management est « art plutôt que science ». En ce sens, il ne pourrait être enseigné. Le mode d’apprentissage du management n’est pas intellectuel, il se fait à travers la pratique, l’action et l’expérience.

Bref, en aucun cas, le management ne se réduit à un ensemble de techniques. La maîtrise totale, en matière de relations humaines, n’est pas crédible, il n’y a pas de méthode et de solution miracles.

Et il en est de même pour la sexualité bien sur. Certes, il y a la présence du corps et ses dysfonctionnements. La science médicale est donc essentielle mais la relation sexuelle va au-delà de ce corps.

Comme le management, la relation sexuelle est un art au sens ou cela requiert l’écoute, l’esprit de finesse, le sens des situations, l’imagination. Mais cela nécessite aussi un apprentissage, un vécu, un savoir-faire acquis par la pratique, non pas de manière répétitive, mais de manière intelligente,  réfléchie, sensible.

En conclusion, je citerai deux auteurs :

Cette simple phrase d’Honoré de Balzac : « L’amour n’est pas seulement un sentiment, il est un art aussi » (in La Recherche de l’absolu).

mais aussi Georges Braque : « L’art est fait pour troubler. La science rassure. » (in Le Jour et la Nuit, Gallimard)

A méditer …