« Indésirables » : un film sur l’assistance sexuelle

« Indésirables » de Philippe Barassat est sorti hier, mercredi 18 mars, dans les salles françaises. Son thème ? L’assistance sexuelle aux personnes handicapées.

« Aldo (Jeremie Elkaïm), pour payer les études de sa fiancée Lucie (Valentine Catzéflis) et leur appartement, est amené, en partie par son métier d’infirmier, à servir d’assistant sexuel pour des personnes lourdement handicapées. Entre assistanat sexuel (…) et prostitution la marge est subtile. » Nous dit le résumé sur la page internet (cf. ci-dessous le lien pour accéder à cette page).

http://www.indesirables.fr/

En effet, nous sommes ici dans un débat qui dure depuis plusieurs années.

En 2013, le film « The Sessions » avait déjà abordé le sujet. Au même moment, un député de l’Essonne relancera d’ailleurs ce débat, aussitôt clos par un sénateur qui parlera « d’atteinte inacceptable à la dignité humaine ».

Il faut savoir que cette profession est reconnue dans certains pays : Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Italie, Autriche … des formations sont prévues et ces personnes peuvent exercer en toute légalité alors qu’en France, cette activité reste assimilée à de la prostitution.

Le sujet a de quoi diviser : d’un côté, la notion de droit au désir, à la sensualité, et même tout simplement à la tendresse, au contact des corps. De l’autre, la prostitution et son illégalité, pour des raison qui peuvent aussi se justifier : le corps n’est pas censé être l’objet de transactions financières.

Il y a une forme de conflit de droit(s) que l’on n’arrive pas à résoudre en France.

Rappelons en effet la définition de la Santé sexuelle, liée aux Droits de l’homme : « La Santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence. » (*)

Mais comme je le disais dans mon article du 10 juillet 2014 sur la Santé sexuelle, jusqu’où va-t-on ? Doit-on mettre de ce fait en oeuvre les moyens d’accorder ce droit à tous les citoyens ? C’est ce que considèrent les nombreuses associations qui militent pour le libre exercice de cette profession d’assistant sexuel, au bénéfice des personnes handicapées.

Voilà pourquoi le sujet est si délicat. Au milieu de ces contradictions, on a l’impression qu’aucune solution ne sera idéale. Alors il reste à réfléchir et éventuellement prendre position selon vos valeurs, vos critères, votre sensibilité.

Je vous laisse à votre réflexion …

* Pour en savoir plus, consulter la Chaire de Santé Sexuelle et Droits Humains de l’UNESCO sur internet

1,7 millions de spectateurs pour « 50 nuances de grey »

Grand succès aux USA, pas mal non plus en France (1,7 millions de spectateurs tout de même), mais qu’est-ce qui fait courir les spectateurs ?

On s’en doute, le sexe est un bon sujet pour faire recette (a priori 81 millions de dollars en 3 jours aux USA) et il semble que cette reprise du roman mêlant gentille romance et masochisme soft soit un succès.

Les critiques cinématographiques laissent entendre qu’il n’y a pas de quoi se pâmer mais ça marche tout de même. C’est bien que ce roman et ce film jouent sur un certain nombre de ressorts. Ce peut être la curiosité tout d’abord, la découverte d’une autre forme de sexualité, les fantasmes qui pointent derrière tout ceci : abandon total et soumission pour l’une, domination et maîtrise pour l’autre.

En cela, le livre est plus intéressant car il laisse libre cours aux fantasmes. Je ne compte plus les témoignages de femmes qui ont savouré l’ouvrage et réveillé ainsi des désirs endormis.

Le film au contraire impose sa vision des choses. Comme le dit Catherine Solano, sexologue, « le spectateur est placé sans échappatoire face à des images qu’il peut trouver choquantes ou vulgaires ». Rassurons-nous, visiblement cela reste supportable mais certes, tout le monde n’a pas la même sensibilité ni la même expérience.

Cela rend aussi la chose banale. Il n’est pas si fréquent en effet de mettre au grand jour ce genre de pratiques. Catherine Solano espère que ce succès « n’aura pas pour effet auprès des hommes de pousser leur compagne à ce genre de pratiques – si elles ne sont pas à l’aise avec ça – sous prétexte que l’ouvrage est rentré dans la culture populaire ». Le fameux « Tout le monde le fait, tu es ringarde » a pu ainsi conduire plus d’une femme (mais je pense quelques hommes aussi) à passer à l’acte, en matière d’échangisme par exemple.

En tout cas le public a choisi d’en savoir plus. Et l’on ne saura pas forcément si c’est elle ou lui qui a choisi le film ce soir-là mais espérons que les couples sauront faire la part des choses.

Et puis n’oublions pas qu’il y a de nombreux ouvrages érotiques à découvrir par ailleurs, d’une grande qualité littéraire, agissant sur différents registres de fantasmes…