Identité sexuelle : quelques rappels

Compte tenu des débats actuels, il ne me parait pas inutile de revenir sur quelques notions de base en matière d’identité sexuelle. Quelques définitions tout d’abord :

l’identité sexuée est l’aboutissement logique d’une chaîne de transformations biologiques. Au départ, le sexe chromosomique (XX ou XY) détermine le sexe gonadique (gènes permettant l’apparition des ovaires ou des testicules) aboutissant enfin au sexe phénotypique, celui qui est visible à la naissance et déclaré à l’état civil.
A chaque étape peuvent apparaître des anomalies troublant cette séquence logique, et entraînant donc une distorsion entre le sexe chromosomique et le sexe phénotypique.
(Point intéressant à noter, le sexe est indifférencié jusqu’à la 7ème semaine).

En matière d’identité de genre, ce terme fait référence aux critères comportementaux, sociaux et légaux que la société conçoit comme masculin ou féminin. En effet, toutes les cultures se fondent sur une catégorisation des individus en fonction de leur sexe et assignent à ceux-ci des rôles différents.
Il n’est pas inutile de rappeler que cette identité de genre est relative puisqu’elle varie dans l’espace et dans le temps.

Généralement, l’identité de sexe et l’identité de genre sont cohérentes et convergent.

Mais une autre dimension est encore à prendre en compte : l’acquisition psychologique de l’identité sexuelle.
Le développement psychosexuel est en effet un long processus d’imitations, d’éducation, d’apprentissages à partir de représentations et de modèles que l’enfant intériorise peu à peu.
Il existe plusieurs modèles pour appréhender cette question de l’identité sexuelle. Je ne ferai que les nommer : le modèle psychanalytique évoquant la notion de bisexualité psychique, le modèle cognitiviste, le modèle de l’apprentissage social.

Devenir un individu sexué fait donc partie de la construction identitaire et prend en compte tous les aspects évoqués ci-dessus. Il s’agit de la conséquence d’une interaction complexe entre des facteurs biologiques, cognitifs et environnementaux.
Ne retenir que l’aspect physique visible reviendrait à ignorer toute la part invisible, à la fois physique, sociale et psychologique.
Garder ces notions en tête est essentiel pour éviter toute pensée simpliste.

Santé sexuelle

Le concept de « Santé sexuelle » n’a pas été une évidence, loin de là.
Il a fallu attendre les années de libération sexuelle (68 en particulier) pour que l’on conçoive l’existence d’un droit à la Santé sexuelle, intégré aux Droits de l’homme. En 1975, c’est le concept même de Santé sexuelle qui apparaît.
Le regard sur la sexualité évolue, son droit aussi.
Ainsi, peu à peu, sort-on de la conception procréatrice et morale, pour envisager un droit à la sexualité.

C’est finalement dans les années 90, lors des Conférences des Droits de l’homme, qu’un Droit à une vie sexuelle sera abordé.
Enfin, une définition précise est rédigée en 2002, définition toujours actuelle :

« La Santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et dans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence. »

On y retrouve un trio fréquemment évoqué en matière de sexualité : la dimension physique, mentale et sociale.

Un ensemble de points fondamentaux sont donc abordés ici : la sexualité sous son angle jouissif mais aussi reproductif, s’accorde avec une éthique personnelle et sociale. Cette sexualité est délivrée de la honte, de la culpabilité et des fausses croyances (dimension éclairée de la sexualité). Cette sexualité nécessite également l’absence de troubles et dysfonctionnements organiques.

C’est ainsi que ce concept de santé sexuelle pose la question du droit à la sexualité, en tant que droit individuel.

De même, ce droit génère des devoirs, en particulier devoir de la société à l’égard de l’individu.

Comment faire vivre ce droit, jusqu’où aller ?
Cela n’est pas sans soulever nombre de questionnements passionnants.

Pour en savoir plus sur la Déclaration des droits sexuels (selon la WAS), vous pouvez consulter la Chaire de Santé Sexuelle et Droits Humains de l’UNESCO